L'hydrosystème du Lez : une gestion active pour un karst à enjeux

Une gestion multi-usages des aquifères karstiques est susceptible de répondre de manière intégrée à des problématiques en apparence antagonistes : besoins supplémentaires pour l'Alimentation en Eau Potable (AEP), réduction des risques d'inondation et contribution à la préservation des milieux aquatiques. L'hydrosystème du Lez fait l'objet depuis 1982 d'une «gestion active» de la ressource en eau, à savoir la sollicitation des réserves du karst pour le prélèvement de débits supérieurs aux débits d'étiage durant les périodes de fort stress hydrique. Elle fait suite à une première période d'exploitation de type gravitaire (gestion passive avant 1968) suivie d'une gestion active par pompage au sein de la vasque de la source (entre 1968 et 1982). Cette exploitation du réservoir est rendue possible par un contexte hydrogéologique qui permet une bonne reconstitution des réserves de l'aquifère karstique lors des précipitations postérieures à la période estivale. Cette configuration générale de l'hydrosystème Lez soulève en conséquence un certain nombre de questions relatives aux processus hydrogéologiques et hydrologiques qui contrôlent l'évolution qualitative et quantitative de la ressource en eau souterraine au gré du cycle hydrologique, mais également sur de plus longues périodes de temps en fonction des changements globaux qui affecteront cet hydrosystème. Le projet Lez-Gestion Multi-Usages (Lez-GMU) a pour ambitions, à l'échelle de l'hydrosystème Lez, de 1) parfaire la connaissance du milieu karstique d'un point de vue géologique et hydrogéologique, 2) établir une cartographie de la vulnérabilité intrinsèque de l'aquifère du Lez, 3) évaluer les variations spatio-temporelles de la qualité des eaux souterraines 4) produire un inventaire et un état des lieux de la biodiversité souterraine, 5) caractériser le régime hydrologique du fleuve Lez ainsi que 6) la propagation de l'onde de crue à travers Montpellier, l'un des objectifs majeurs étant de 7) réévaluer la ressource en eau exploitable et vérifier le bon état quantitatif de la masse d'eau sous l'effet de différents scénarios d'exploitation, y compris issus de modèles climatiques pour le climat futur. Les résultats et réponses à ces questions scientifiques abordés dans ce projet sont présentés point par point dans la suite de ce numéro.