Chanson imprimée et chanson enregistrée à la Belle Époque, concurrence ou complémentarité ?

Deux moments au xix e  siècle révolutionnent la façon dont les chansons se diffusent : la fondation de la SACEM en 1851, d’une part, engage les auteurs, paroliers et compositeurs, à déposer une à une leurs chansons pour en toucher les droits. Le monde de l’édition musicale suit le mouvement en éditant de plus en plus de partitions de chansons isolées et en inventant un format qui identifiera les chansons jusqu’à l’orée des années 1960 : le « petit format » contenant la ligne mélodique de chant seul et les paroles. L’invention du phonographe en 1877, d’autre part, engage la chanson sur la voie de l’industrie musicale sonore en remettant sérieusement en question le caractère éphémère des chansons du point de vue de l’auditeur, mais également de tous les acteurs de la production des chansons. Il s’agit là d’une révolution de l’écoute et plus largement de l’appréhension de ces objets musicaux. Cet article s’attachera à montrer la diversité et la nécessaire complémentarité des supports imprimés et sonores pour étudier la chanson en France de la fin des années 1880 à 1914.