Nature du travail des O.S. : une recherche dans l’industrie électronique

Le problème des conditions de travail des O.S. apparaît de manière massive actuellement. Différents aspects de ces problèmes peuvent être analysés. La recherche entreprise et dont quelques résultats sont présentés dans cet article s’est limitée à l’étude de la nature même du travail répétitif, et de ses conséquences sur les O.S. engagés dans ces tâches. Par des méthodes d’analyse du travail, des observations systématiques des postures adoptées et des mesures physiologiques sur des ouvrières d’une chaîne de construction d’appareils de télévision, on a mis en évidence les caractéristiques du travail répétitif et évalué le coût pour les opératrices. Il apparaît que ce type de travail nécessite une activité mentale importante qui doit être effectuée dans un cadre spatial et temporel rigide : en effet le travail à exécuter ne se présente jamais d’une manière strictement identique, d’un moment à l’autre, d’un cycle à l’autre, et l’opérateur, soumis lui-même à des variations internes, doit mettre en œuvre de manière incessante différents mécanismes de régulation pour assurer l’exécution de sa tâche dans les limites temporelles et spatiales qui lui sont imposées. Contrairement à ce qui est admis communément il n’y a pas «d’automatisation» de l’activité de l’opérateur. Ainsi il apparaît que les principes sur lesquels sont fondées les règles traditionnelles de l’organisation du travail dans la production de masse sont en contradiction avec les connaissances actuelles du fonctionnement de l’homme (tant dans le domaine psychologique que physiologique). Les conséquences ont pu être appréciées tant dans le domaine physique (fatigue posturale en particulier) que dans le domaine mental (manifestations psychopathologiques). Ces résultats expliquent en partie certaines conséquences sur le plan social : absentéisme, rotation du personnel, jeune âge de la population ouvrière sur chaîne, difficultés de la réadaptation en cas de nécessité de reconversion professionnelle.