La Junte des Philippines de Francisco Goya : le chef-d’œuvre révélé

L’histoire des grands chefs-d’œuvre ne coule point de source, loin s’en faut, et les exemples ne manquent pas où l’on ne peut que constater la reconnaissance tardive vis-à-vis d’une réalisation exceptionnelle d’un grand maître. Nous pensons bien entendu à Vermeer de Delft et à Rembrandt, l’un pour sa Vue de Delft, l’autre pour La Ronde de nuit ; Francisco Goya avec sa Compagnie des Philippines dite Junte des Philippines s’inscrit dans cette surprenante série. Longtemps demeurée mystérieuse et ignorée du grand public, voire même des spécialistes, elle n’a été étudiée avec méthode que peu à peu, dans la seconde moitié du xxe siècle et dans les années 2005-2015. Outre l’aspect historique ainsi que le contexte de sa conception, il fut loisible de mieux analyser scientifiquement ce grand tableau du peintre aragonais lorsque la question de son éventuelle restauration s’est posée à partir de 2005. De la sorte, les recherches d’archives, les analyses du Centre de recherche et de restauration des musées de France, les études des conservateurs-restaurateurs et enfin celle de la composition mathématique ont permis de mettre en lumière toute la complexité de cette peinture, sa virtuosité plastique et technique ainsi que sa haute portée philosophique qui en font l’un des grands témoignages de l’art moderne selon A. E. Pérez Sánchez. Sa présence dès 1894 au sein du musée de Castres relève d’un étonnant parcours qui a abouti en 1947 à la spécialisation de l’établissement en art hispanique ainsi qu’à son nouveau vocable de musée Goya.